Guillemeter les alinéas

Written by Gregory Haleux

Lues dans le Petit Journal du 9 mars 1868, ces lignes de Jules Claretie :

 

Une de ces coquilles, des plus gaies qu’imprimeur ait laissé passer, figure à la fin d’un livre sur la folie. L’auteur, un médecin bien connu, terminait son ouvrage par une assez longue citation du docteur Pinel, l’aliéniste de génie. On lui envoie des épreuves sur lesquelles la citation figurait sans guillemets et comme si elle eût fait partie du texte même. Notre docteur prend la plume et écrit en large :
« Pour finir, il faut guillemeter tous les alinéas. »
Puis, confiant, il donne son bon à tirer…
On tire en effet le volume, on le broche, on le met en vente, et l’auteur, ouvrant son livre à la dernière page, pousse un cri et tombe écrasé en voyant que les compositeurs avaient, non pas guillemeté les alinéas de Pinel, mais imprimé tout net l’observation qu’il avait, lui, écrite en marge. Encore, comment l’avaient-ils imprimée ? C’était féroce.
On peut lire cette phrase abracadabrante dans l’édition première de ce traité sur la folie du docteur X… :
« Pour finir, il faut guillotiner tous les aliénés. »

 

Selon les sources la coquille se trouvait dans une thèse de médecine, un article d’un savant anthropologiste, une brochure « philanthropique » sur l’aliénation mentale, un ouvrage de médecine légale, un article du journaliste Émile de Girardin…

Alexis Bouvier reprit l’anecdote dans son roman Mademoiselle Olympe (ancienne maison Palmyre), Jules Rouff, 1880 :

 

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